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honte bue
honte bue
Roger Cukierman, président du
Conseil représentatif des Institutions juives de France (Crif) invite diverses
personnalités de la communauté juive à ce qu’il appelle une « rencontre exceptionnelle »
avec Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L’Express, sur
le thème : « Quel avenir pour
la France : société laïque ou multiculturelle ».
Cette réunion, prévue pour le 7
janvier, est organisée avec Les Amis du
Crif, une organisation qui se présente comme « l’Association des Amis du Conseil représentatif des Institutions
juives de France ».
Faut-il rappeler que le 5 août
dernier, au plus fort de la « Seconde
Guerre de Gaza », alors que des manifestations antisémites se
multipliaient en France sous couvert de solidarité avec les Palestiniens – et
choquaient une bonne partie de l’opinion française -, Barbier avait cru
bon de s’en prendre avec violence à la communauté juive de France,
l’accusant pêle-mêle dans un éditorial « d’écouter sa
peur », « de faire de
mauvais choix », de « bunkériser
sa religion », de « féodaliser » la France, de « soutenir Netanyahu, ses alliances
radicales, ses colonisations excessives et ses options militaires
contestables » et enfin de « s’allier
avec le Front national » ?
Faut-il rappeler qu’il avait
intitulé cet éditorial « Les Nouveaux Belzébuths », c’est-à-dire opéré
un amalgame sémantique entre les juifs et le Démon ?
La prochaine fois, Cukierman et le
Crif inviteront-ils Eric Zemmour à parler de Vichy ?
Ce Crif-là ne
représente plus, et ne représentera plus jamais, les juifs de France.
DOCUMENT 1 : L’INVITATION
DU CRIF
Les Amis du Crif
Association des Amis du Conseil Représentatif des Institutions Juives de
France
Paris, le 23 décembre 2014
Chers
Amis,
Roger
Cukierman vous invite à une rencontre exceptionnelle avec
Christophe
Barbier
Directeur
de la rédaction de l’Express
sur le thème
« Quel avenir pour la France : société laïque ou multiculturelle ?»
« Quel avenir pour la France : société laïque ou multiculturelle ?»
Mercredi
7 janvier 2015 de 19h30 à 21h30
Début de la conférence à 19h45 précises
(...)
Cet évènement est proposé en exclusivité
et gratuitement aux adhérents de l’association des Amis du CRIF. Il est
soumis à une participation aux frais de
20€ par personne pour les non adhérents.
Je vous
invite à vous inscrire en ligne et à diffuser cette invitation.
Bien
amicalement,
(...)
(...)
Adhérez en ligne à l’association des Amis du Crif en cliquant
sur :
Et
retrouvez-nous sur notre page Facebook
(...)
DOCUMENT
2 : L’EDITORIAL DE CHRISTOPHE BARBIER, 5 AOUT 2014
Les
nouveaux Baal-Zebud
Si la communauté juive de
france écoute sa peur, elle ne fera que de mauvais choix. La seule voie
raisonnable est celle de l'exigence républicaine.
Elle insinue, elle susurre, elle suggère ; ou bien
elle affirme, elle tonitrue, elle clame. Quel que soit son registre, et elle
les utilise tous, la peur est toujours mauvaise conseillère. Elle signe la
faiblesse, elle prouve la panique, elle témoigne déjà de la défaite. Elle n'est
pas l'enfant de la vigilance, elle est son contraire, son démon. Si la
communauté juive de France, confrontée à la tension
importée de Gaza et à la
nouvelle fièvre antisémite, écoute sa peur, elle ne fera que de mauvais
choix.
Le premier, et sans doute le pire, est celui de
l'autodéfense. L'esprit de milice est une déchéance, et confier son sort à des
nervis, c'est nourrir la violence, en accepter la pérennité et considérer
qu'elle est désormais le registre dominant de la société française. Entre la
naïveté suicidaire du troupeau de proies et le recours à des gangs
communautaires, il y a l'appel exigeant aux forces de l'ordre républicaines. La
Ligue
de défense juive croit protéger la tribu, mais ne fait que motiver ses
ennemis : sa dissolution sera salutaire.
L'autre impasse, de plus en plus envisagée, et trop
souvent empruntée, est la fuite, vers un ailleurs qui est un nulle part.
Appeler alya
une désertion ne change rien à sa nature, et tous ceux qui incitent des
citoyens à quitter leur nation au nom de leur religion ne rendent service ni à
l'une, abandonnée, ni à l'autre, dévoyée. L'alya ne peut être qu'une démarche
religieuse, motivée par la foi et non par un raisonnement politique, social ou
sécuritaire. Une alya laïque a pu se justifier quand il s'agissait de bâtir
l'Etat d'Israël, mais son avatar actuel est une imposture.
Bunkériser sa religion n'est
pas acceptable
Comment un juif qui craint une poussée antisémite en
France et choisit d'y abandonner ceux qui ne peuvent ou ne veulent partir
pourra-t-il se laver de l'accusation de lâcheté ? Quel que soit le mal qui
menace notre pays, c'est ici qu'il faut le combattre, par sens de l'honneur et
par intérêt stratégique : livrer les démocraties à l'antisémitisme, c'est
promettre Israël à un destin de forteresse assiégée.
Bunkériser sur place sa religion n'est pas plus
efficace, ni acceptable. Céder à la tentation du communautarisme, c'est choisir
l'asphyxie par crainte de la tempête. La force de la République est dans le
droit à l'indifférence, cette liberté de vivre ses convictions religieuses ou
philosophiques avec la garantie de ne pas être résumé à ces choix. Prôner le
communautarisme en lieu et place du contrat républicain, c'est féodaliser la
France, c'est installer un néon sur le portail du futur ghetto. La foule
républicaine, d'où n'émerge nulle obédience, est le plus sûr bouclier contre
l'antisémite, toujours acharné à identifier ses cibles. Et c'est parce que la
République est aujourd'hui fragile qu'il ne faut en aucun cas la délaisser, car
nulle communauté ne résisterait à la barbarie qui suivrait sa chute.
Aucun nationalisme ne saurait, non plus, lutter contre
l'antisémitisme autrement qu'en de trompeuses victoires à court terme. Les
juifs de France se trompent s'ils considèrent vital de soutenir Benyamin
Netanyahu en ses alliances radicales, ses colonisations excessives et ses
options militaires contestables : le patriotisme, c'est la guerre pour assurer
la paix dans la sécurité ; le nationalisme, c'est la guerre pour la guerre.
La caution d'une
dédiabolisation de façade du FN
De même, les juifs de France se leurrent s'ils se
rallient au FN
pour contrer la progression de l'islam dans notre société. D'abord, le
néo-lepénisme n'a pour eux qu'une compassion éphémère et intéressée : ils sont
la caution d'une
dédiabolisation de façade, pour mieux cacher les vérités du
"détail" et de la "fournée". Ensuite, raisonner contre une
partie des Français, c'est préparer une guerre civile, cette guerre dont même
les vainqueurs sortent perdants.
L'actualité est un carrefour brumeux où la seule voie
raisonnable est celle de la République, et ceux qui conseillent aux juifs de
France d'emprunter une autre direction leur font courir de grands périls. Que
prennent garde ceux qui consultent les nouveaux Baal-Zebub pour apaiser leur
crainte ! S'ils pensent qu'être français est un problème pour être juif, ils
donnent raison à ceux qui estiment qu'être juif est un problème pour être
français.
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