jeudi 22 avril 2010

ATTENTION, LES CALL-GIRLS DEBARQUENT

Le texte ci-dessous, publié dans le quotidien belge Le Soir, est révélateur.

Il fait état, en termes flagorneurs, du lancement d'une campagne de J Street, le lobby juif américain anti-israélien, en Europe, sous le nom de J Call.

Les meneurs de J Call prétendent dans un premier temps être indépendants de J Street, mais ne font que s'y référer tout au long de leurs déclarations et de leur appel solennel aux Juifs européens.

J Street, rejeté par l'ensemble des organisations juives américaines, milite pour un "découplage" entre le judaïsme américain et Israël (la fin d'une "solidarité automatique" avec l'Etat juif). C'est là le fantasme éternel des "Juifs non-juifs", qui croient pouvoir renier le peuple dont ils sont issus.

Il milite aussi pour des "pressions" américaines et européennes contre Israël (un "Munich"). C'est là, nous avons le regret de le rappeler, l'idée du mouvement pacifiste israélien Shalom Akhshav (La Paix maintenant), et plus particulièrement de son maître à penser, le général Yehoshafat Harkabi.

Dans un manifeste d'une cinquantaine de pages diffusé en 1987 par Shalom Akhshav, Israël devant des choix fatidiques, Harkabi recommandait à la Diaspora d'exercer des « pressions » sur Jérusalem. Soit directement, en multipliant les critiques à l'égard de la politique israélienne. Soit indirectement, en poussant les gouvernements occidentaux, en particulier celui des Etats-Unis, à une attitude hostile. Harkabi ne craint pas d'écrire, à cet égard (page 43) : « Paradoxalement, l'amitié américaine à notre égard pourrait nous être non moins nuisible, dans cette phase, que l'hostilité arabe ».

Une telle position est inacceptable - scandaleuse - quand il s'agit d'un pays démocratique comme Israël. Elle l'était en 1977, quand Shalom Akhshav a été lancé ; mais les espoirs de paix constituaient alors des circonstances atténuantes. Elle l'était beaucoup plus en 1987, quand le texte d'Harkabi a circulé. Elle l'est à plus forte raison aujourd'hui.

Les Israéliens votent sans cesse. Ils se portent tantôt à gauche, tantôt à droite, tantôt même au centre : personne n'a besoin de leur faire la leçon ou de leur imposer un diktat. Mais après l'échec des accords d'Oslo, la Seconde Intifada, la montée du Hamas, la montée des menaces iraniennes, un nouveau consensus s'est fait parmi eux sur les questions de défense et de sécurité nationale. Et l'équipe Shimon Peres/Benjamin Netanyahu, que cela plaise ou non, l'incarne authentiquement. Jamais un gouvernement israélien n'a disposé d'un soutien plus étendu, de la droite nationaliste à la gauche travailliste, en passant par les partis religieux.

En appeler, comme le fait J Call à la suite de J Street, à la Diaspora juive contre le gouvernement israélien, prétendre à plus d'intelligence et de sagesse sur l'avenir d'Israël, en tant qu'élite étrangère, que les citoyens israéliens s'exprimant par le moyen de débats libres, de médias libres, d'élections libres, revient à mépriser Israël en tant que nation, insulter la démocratie israélienne, et nier la légitimité du gouvernement démocratique d'Israël. Que cette action corresponde à la stratégie actuelle d'une partie au moins de l'administration Obama et de nombreux gouvernements européens ne change rien à l'affaire.

Parmi les premiers signataires de l'appel de J Call on trouve des militants confirmés de la ligne Shalom Akhshav. Mais aussi des intellectuels dont on aurait attendu un peu plus de tenue dans le moment présent.

Arthur Koestler, l'un des grands écrivains antitotalitaires du XXe siècle, a qualifié dans un roman certains intellectuels de "call-girls" : on les appelle, ils accourent - pour participer à un congrès, ou signer une pétition. Je me montre, donc je suis.

Un danger aussi grave que les missiles menace aujourd'hui Israël : les call-girls débarquent.


COLLECTIF SIMON MAUJEAN
22 avril 2010
simonmaujean@gmail.com



http://archives.lesoir.be/proche-orient-%C2%AB-faire-entendre-une-autre-voix-juive-_t-20100420-00VU82.html?query=barnavi&firstHit=0&by=10&sort=datedesc&when=-1&queryor=barnavi&pos=0&all=72&nav=1

LE SOIR, Bruxelles

Le cri pour la paix de Juifs d’Europe

LOOS,BAUDOUIN

Mardi 20 avril 2010

Proche-Orient « Faire entendre une autre voix juive, raisonnable »

Il y a du neuf au sein des communautés juives d’Europe dans leur rapport à Israël. Jusqu’ici, à part quelques organisations très minoritaires situées fort à gauche, la plupart des organisations communautaires s’alignaient presque mécaniquement sur les positions du gouvernement israélien, quel qu’il soit, de manière inconditionnelle. Mais, considérant la situation actuelle comme intenable, un certain nombre de bonnes volontés, dans les communautés juives belge et française, ont décidé d’unir leur forces pour lancer un appel solennel.

L’historien israélien Elie Barnavi, qui vit à Bruxelles, soutient l’initiative avec enthousiasme. « Les initiateurs ne cherchent pas à imiter “J Street”, le nouveau lobby juif américain pro-paix qui se développe outre-Atlantique, nous dit-il. Lui doit convaincre les décideurs américains; ici en Europe ce n’est pas nécessaire, il s’agit plutôt de faire entendre une autre voix juive, raisonnable, différente du suivisme dont font trop souvent preuve les institutions juives par rapport aux autorités israéliennes. »

Le texte de l’appel, le « J Call », n’est pas banal : évoquant la perspective « désastreuse » qu’Israël devienne un Etat où les Juifs seraient minoritaires dans leur pays, il demande que l’Europe et les Etats-Unis fassent pression sur les deux parties en cause, rejette l’alignement systématique des communautés juives de la diaspora sur la politique du gouvernement israélien« un mouvement européen qui a pour ambition d’oeuvrer à la survie d’Israël en tant qu’Etat juif et démocratique, laquelle est conditionnée par la création d’un Etat palestinien souverain et viable ». et, enfin, annonce la volonté des signataires de créer

L’initiative est encore dans sa phase fondatrice. Elle sera lancée de manière solennelle en présence de nombreuses personnalités, dont une délégation américaine de J Street, le lundi 3 mai au Parlement européen à Bruxelles.

Parmi les premières personnalités à signer le texte, on note, côté français, les noms d’Elie Chouraqui, Alain Finkielkraut, Jean Hatzfeld, Ivan Levaï, Bernard-Henri Levy, Dominique Moisi ou Pierre Nora. Chez les Belges, il y a notamment Vincent Engel, Guy Haarscher, Claude Kandiyoti, Pierre Mertens, le rabbin David Meyer, Foulek Ringelheim, Jacques Sojcher, et David Susskind (1).

« Dépasser les clivages »

Elie Barnavi, qui préside les festivités liées au 50e anniversaire du Centre communautaire laïc juif à Bruxelles, ne cache pas ses espoirs : « C’est vrai que l’idée a pris corps au CCLJ, alors qu’en même temps des Juifs de France, où se trouve la plus grande communauté juive d’Europe, pensaient la même chose. Ensemble, nous voulons ratisser large, pas dans l’idée de créer un second mouvement comme “la Paix maintenant”, mais dans la volonté de dépasser les clivages politiques car nous pensons que nombreux sont les Juifs européens modérés qui n’approuvent pas la politique du gouvernement israélien qui n’est ni légitime ni raisonnable mais plutôt suicidaire ! L’ambition est vraiment de faire boule de neige; d’ailleurs, des Juifs de nombreux pays européens seront présents le 3 mai à Bruxelles ».

D’aucuns regrettent pourtant qu’aucune structure de suivi n’ait été mise en place pour le moment.

(1) Pour signer, voir http://www.jcall.eu/



LE TEXTE DE L’APPEL

Citoyens de pays européens, juifs, nous sommes impliqués dans la vie politique et sociale de nos pays respectifs. Quels que soient nos itinéraires personnels, le lien à l’État d’Israël fait partie de notre identité. L’avenir et la sécurité de cet État auquel nous sommes indéfectiblement attachés nous préoccupent.

Or, nous voyons que l’existence d’Israël est à nouveau en danger. Loin de sous-estimer la menace de ses ennemis extérieurs, nous savons que ce danger se trouve aussi dans l’occupation et la poursuite ininterrompue des implantations en Cisjordanie et dans les quartiers arabes de Jérusalem Est, qui sont une erreur politique et une faute morale. Et qui alimentent, en outre, un processus de délégitimation inacceptable d’Israël en tant qu’État. C’est pourquoi nous avons décidé de nous mobiliser autour des principes suivants :

1. L’avenir d’Israël passe nécessairement par l’établissement d’une paix avec le peuple palestinien selon le principe « deux Peuples, deux États ». Nous le savons tous, il y a urgence. Bientôt Israël sera confronté à une alternative désastreuse : soit devenir un État où les Juifs seraient minoritaires dans leur propre pays ; soit mettre en place un régime qui déshonorerait Israël et le transformerait en une arène de guerre civile.

2. Il importe donc que l’Union européenne, comme les Etats-Unis, fasse pression sur les deux parties et les aide à parvenir à un règlement raisonnable et rapide du conflit israélo-palestinien. L’Europe, par son histoire, a des responsabilités dans cette région du monde.

3. Si la décision ultime appartient au peuple souverain d’Israël, la solidarité des Juifs de la Diaspora leur impose d’œuvrer pour que cette décision soit la bonne. L’alignement systématique sur la politique du gouvernement israélien est dangereux car il va à l’encontre des intérêts véritables de l’État d’Israël.

4. Nous voulons créer un mouvement européen capable de faire entendre la voix de la raison à tous. Ce mouvement se veut au-dessus des clivages partisans. Il a pour ambition d’œuvrer à la survie d’Israël en tant qu’État juif et démocratique, laquelle est conditionnée par la création d’un État palestinien souverain et viable.

C’est dans cet esprit que nous appelons tous ceux qui se reconnaissent dans ces principes à signer et à faire signer cet appel sur www.jcall.eu.

(1) Premiers signataires : Carine Alberghini, administratrice de société ; Paul Ambach, artiste ; Henri Atlan, médecin biologiste, philosophe ; Benjamin Beeckmans, administrateur de société ; Delphine Beeckmans, conseillère laïque ; Georges Bensoussan, historien ; Jal Bernheim, professeur ; Myriam Biot, présidente de Culture plurielle ; Marie-France Botte ; Armand Broder, avocat ; Samy Cadranel, médecin ; Benjamin Cadranel, chef de cabinet du Ministre-Président de la Région de Bruxelles-Capitale ; David Chemla, président de La Paix Maintenant ; Suzanne Chojnacki, secrétaire générale du CCLJ ; Elie Chouraqui, cinéaste ; Daniel Cohn Bendit, député européen ; Boris Cyrulnik, psychiatre ; Paul Danblon, journaliste ; Tamara Danblon, auteur de livres pour enfants ; Karsten De clerck, administrateur de société ; Elisabeth De Fontenay, philosophe ; René De Lathouwer, directeur d’entreprise ; Patricia De Wilde ; Ruth Dreifuss, ancienne présidente de la Confédération helvétique ; Mony Elkaim, professeur honoraire de l’ULB ; Olga Elkaim-Grinszpun, enseignante ; Vincent Engel, écrivain ; Brigitte Feys, fonctionnaire ; Marc Filipson, libraire et éditeur ; Alain Finkielkraut, philosophe ; Gilles Fiszman, graphiste ; Santo Franco, homme d’affaires ; Liora Gancarski, enseignante ;

Pierre Goldschmidt, ancien directeur adjoint de l’Agence international de l’énergie atomique ; André Goldwasser, ingénieur ; Pauline Gutman ; Henri Gutman, professeur d’université ; Guy Haarscher, professeur à l’ULB ; Isi Halberthal, ancien échevin d’Etterbeek ; Raphaël Halberthal, directeur commercial ; Tal Harel, enseignant ; Michèle Hirsch, avocate ; Emmanuel Hollander, publicitaire ; Géraldine Kamps, journaliste ; Louis Kanarek, professeur à l’ULB ; Claude Kandiyoti ; Georges Kiejman, avocat, ancien ministre ; Michèle Knoblauch, artiste peintre ; Joël Kotek, professeur à l’ULB ; Charles Kramarz, Ingénieur de gestion ; David Kronfeld, ingénieur ; Ivan Levaï, journaliste, Bernard Henri Levy, philosophe ; Renée Lewkowicz, administratrice de société ; Michèle Lieser, psychologue ; Pierre Mertens, écrivain ; Michèle Meyer, administratrice de société ; David Meyer, rabbin ; Sabine Missistrano, ancienne présidente de la Ligue des Droits de l’Homme ; Muriel Mordenfeld, directrice culturelle du CCLJ ; Solange Nebenzahl, philosophe ; Pierre Nora, membre de l’Académie Française ; Denis Olivennes, directeur général du Nouvel Observateur ; Willy Perelsztejn, gérant de société et directeur financier du CCLJ ; Serge Pollak, huissier de Justice ; Patrick G. Poty, docteur en sciences ; FreddyRaphaël, sociologue ; Foulek Ringelheim, écrivain ; Elisabeth Roudinesco, psychanalyste ; Dominique Schnapper, sociologue, ancienne membre du Conseil constitutionnel ; Marco Schneebalg, étudiant ; Avi Schneebalg, avocat ; Jacques Sojcher, philosophe et écrivain ; Donatella Soria, fonctionnaire européenne ; David Susskind, président honoraire du CCLJ ; Maurice Szafran, PDG de Marianne ; Armand Szwarcburt, administrateur de société ; Michèle Szwarcburt, présidente du CCLJ ; Selma Szwarcman, avocate honoraire ; Henri Tueiber ; Ina Van Looy, chef de projet, cellule formation jeunesse du CCLJ ; Georges Venet, juriste ; Eli Vulfs, gérant de société ; Stéphane Wajskop, administrateur de société ; Michel Weinblum, directeur Maison des Jeunes du CCLJ ; Annette Wievorka, historienne ; Willy Wolsztajn, artiste ; Nicolas Zomersztajn, journaliste ; Mirjam Zomersztajn ; Olivia Szwarcburt, Responsable Coopération Internationale.

Lundi 3 mai à 20 heures précises, grande soirée de lancement de l’appel J CALL (European Jewish Call for Reason) au Parlement européen, en présence de Daniel Cohn Bendit, Bernard Henri Levy, Avi Primor, Elie Barnavi, Zeev Sternhell, David Chemla, David Susskind et de représentants de J STREET, le nouveau lobby américain pour Israël et pour la paix. Modérateur : Maurice Szafran.